Avec une équipe féminine qui évolue en D1, 4 joueuses sélectionnées en équipe de France pour participer aux championnats d’Europe en Italie du 27 juin au 3 juillet dernier, un stade unique en son genre et 2 licenciées qui jouent aux Etats-Unis, Les Pharaonnes d’Évry-Courcouronnes règnent sur le Softball français.
C’est à Michel Gien, éducateur à Évry, que l’on doit la création de ce club qui rassemblait beaucoup d’enfants du quartier des Pyramides. C’est donc tout naturellement, et avec une ambition annonciatrice des succès à venir, que les jeunes choisirent le nom de « Pharaons ». Mais, à l’époque, il y a encore peu de Pharaonnes. C’est ce que découvrira, sans amertume mais avec l’envie de changer les choses, Aurélie Bacelon, actuelle présidente du club, responsable de la section féminine et amoureuse du baseball depuis toute petite. « Le club était essentiellement masculin et le baseball senior ne pouvait pas se jouer en mixte. J’ai même eu affaire à des lanceurs qui ne voulaient pas me lancer la balle car je suis une fille. Ou qui la jetait directement sur moi. Il y avait du chemin à faire… Puis, j’ai découvert que le softball était plus ouvert. »
La naissance d’une équipe phare
Aurélie s’intéresse de plus près à ce sport très proche du baseball (le terrain est plus petit, le jeu plus rapide, la balle plus grosse et le lancer vers le frappeur se fait par en dessous). Elle ne ménage pas ses efforts et son parcours devient vite exemplaire. À 31 ans, elle est sélectionnée en équipe de France. « C’est un peu tard pour un parcours de haut niveau, mais quand on se donne les moyens, c’est jouable. ». Elle évolue avec l’équipe nationale pendant 5 ans et joue les championnats du monde en 2016 et les championnats d’Europe en 2017. Dans le même temps, elle tente de développer la pratique féminine à l’échelle locale. Les trois clubs de l’Essonne créent un programme commun et œuvrent ensemble pendant trois ans pour fidéliser les joueuses et motiver des compétitrices, avant de monter des équipes indépendantes. À Évry, les Pharaonnes commencent à faire parler d’elles.
Une reprise avec les championnats de France et la Coupe d’Europe des clubs
Bien encadré, le groupe entre dans une dynamique qui lui vaut un parcours plus qu’enviable : victoire en championnat régional, montée en D2, puis en D1 en 2017. Depuis 4 ans, l’équipe termine deuxième aux championnats de France. Elle aimerait décrocher la première place cette année mais elle souhaite également faire ses preuves à la faveur de la Coupe d’Europe des clubs qui se déroulera le 16 aout en Italie avec 16 équipes engagées. « Covid oblige, nous aurons eu très peu de matchs de préparation et nous avons repris directement avec un match de D1 le 13 juin, commente Aurélie. Mais nous avons un bon groupe et nous attendons d’excellents renforts internationaux. Nous visons le milieu de tableau. »
Le plaisir de jouer
Les joueuses, pour la plupart privées de jeu par les contraintes liées à la crise sanitaire, sont plus que motivées. « J’ai juste envie de jouer, là » confirme Emma Patry, 18 ans, également sélectionnée en équipe de France. « Le manque créé par la Covid a fait place à un immense plaisir de jouer, assure Rosalie Coste, 22 ans, également sélectionnée en équipe nationale. Il n’y a plus de peur, juste de la joie. On se pose moins de questions et on appréhende moins la compétition. Ce sera notre deuxième Coupe d’Europe. Désormais, on sait à quoi s’attendre. Notre équipe est forte, ça va être une super aventure. J’espère qu’on proposera du beau jeu. »
Plus fortes que la Covid
Coupées dans leur lancée malgré une bonne dynamique de groupe et des renforts apportés par l’arrivées de joueuses étrangères, les vice-championnes de France n’ont en effet pas succombées à la coupure imposée par la Covid. « Nous avons gardé le lien et travaillé en visio et en extérieur dès que cela était possible, commente Aurélie Bacelon. Le groupe est resté impliqué et soudé pendant cette période. » Grâce à leurs encadrants et à des partenariats liés avec les Pays Bas à la faveur de la Coupe d’Europe des clubs 2019, trois joueuses sélectionnées en équipe de France (Rosalie Coste, Emma Patry et Chiara Enrione-Thorrand) ont même pu faire la saison 2020 avec la meilleure équipe de Hollande (Le Roef !) alors que la France était privée de compétition.
Des joueuses de haut niveau
Il faut dire que les Pharaonnes méritent bien leur nom. Ainsi, ce ne sont pas moins de 4 joueuses du club (7 étaient sélectionnées et présélectionnées) qui ont défendu les couleurs de la France avec l’équipe nationale lors des derniers championnats d’Europe qui se déroulaient en Italie du 27 juin au 3 juillet dernier. Des joueuses au parcours parfois atypique, mais dont le point commun est la passion, le plaisir du jeu et l’attachement au club où elles sont licenciées. « J’adore tous les aspects de ce sport et il règne une super ambiance dans l’équipe. Je me suis fait de vraies amies en peu de temps. Et puis, on voyage beaucoup ensemble. Les Pharaonnes m’ont permis de faire un stage de deux semaines à Miami, mais aussi dans une équipe canadienne de D1, de jouer la Coupe d’Europe en République Tchèque et de faire une saison avec la meilleure équipe hollandaise. » Rosalie Coste ne boude pas son plaisir. Elle qui a commencé à frapper la balle à 7 ans (avec les Lions de Savigny) pour reprendre la tradition familiale, a rejoint Évry-Courcouronnes il y a 3 ans. Sélectionnée en équipe de France cette année, elle s’entraine tous les jours avec la même envie.
Une Softball Academy dès septembre
C’est également le cas d’Emma Patry. À tout juste 18 ans, la jeune femme sélectionnée en équipe de France en mars, a passé son bac tout en disputant les championnats d’Europe. Originaire de Grenoble, elle a découvert le baseball en jouant avec ses frères, aux Etats-Unis, où elle a habité entre 3 et 5 ans. À 14 ans, elle a intégré le Pôle France Jeune Softball de Boulouris en internat (où elle était encore cette année) et a rejoint les Pharaonnes à 16 ans. En 2021, c’est la consécration : bien que licenciée à Évry-Courcouronnes, elle partira aux Etats-Unis à la fin de l’été et jouera pour les Eagles, à Tallahassee, en Floride. « C’est un rêve qui se concrétise. Je pars tous frais payés. Ils me logent et payent mes frais de scolarité sur place. » Parfaitement bilingue, cette brillante sportive qui a affiché un 15 de moyenne pendant toute son année de terminale, espère rester sur place et faire carrière aux Etats-Unis. Pour l’heure, elle suit les traces de Melissa Mayeux, Pharaonne qui joue déjà avec les Ragin’ Cajuns de la Louisiana university. « Nous sommes très fiers de nos joueuses qui vont aux USA, commente Aurélie Bacelon. C’est un travail qui se confirme, un investissement qui aboutit, grâce au travail de l’athlète, à celui des managers, à nos partenaires… C’est une vraie chance pour ces jeunes de combiner un beau projet universitaire et sportif, car l’un ne va pas sans l’autre là-bas. Cela nous conforte aussi dans la création d’une académie de softball, la Rookies Academy, qui sera opérationnelle dès septembre. Elle aura pour mission d’accompagner les athlètes qui voudraient faire un parcours dans le softball afin de leur offrir une progression plus rapide et plus soutenue. »
Un stade unique en France
Mais au-delà de ces ambitions nationales et internationales, c’est bien en local que le club souhaite avant tout se développer. Notamment autour de son « nouveau » stade obtenu il y a deux ans. « Ça a tout changé, reconnait Emma. Avant, on ne pouvait pas plonger, les rebonds étaient mauvais… Désormais, on peut s’entrainer parfaitement. » De son côté, Rosalie est tout aussi élogieuse. « C’est un pur bonheur ! On peut jouer à fond, tout le temps, sans avoir peur de se blesser. C’est le plus beau terrain sur lequel j’ai joué et c’est une grande chance d’avoir ça à Évry-Courcouronnes. C’est aussi ce qui fait la force de notre équipe. » Structure unique dans l’Hexagone, il s’agit d’un terrain officiel de softball qui dispose d’une surface synthétique et d’éclairages spécifiques pour accueillir des matchs de nuit. « C’est le seul en France qui le permet, affirme Aurélie. Grâce à lui, cet hiver, nous n’avons pas eu d’entrainements annulés à cause des intempéries. C’est un très bel outil de travail pour les licenciés, mais aussi pour les écoles, les associations et les centres de loisirs que nous recevons afin de faire découvrir notre pratique. Et il nous permettra d’accueillir des événements internationaux. »
Se développer en local
Mais la priorité du club pour les années à venir, c’est d’abord un travail en local avec la ville et les villes limitrophes. « Éduquer passe aussi par le sport. Nous voulons contribuer au développement personnel des jeunes de nos communes. Si les dirigeants de notre club sont autant impliqués, c’est que les anciens sont venus vers nous, dans les quartiers, et nous ont permis de découvrir de nouvelles choses. C’est pourquoi, cet été, nous organiserons des journées avec un temps dédié au baseball et un autre à la création d’une fresque qu’on exposera autour du terrain. Nous voulons rapprocher les jeunes, les quartiers, et les aider à avancer. La D1 féminine est une vitrine. Elle apporte beaucoup de choses. Mais elle ne vit pas sans les autres catégories. »